Rendez-vous dans une palombière...

En ce petit matin d’un lundi de novembre, c’est un rendez-vous un peu spécial qui nous est donné.

Au programme, tenues chaudes aux couleurs sobres pour une découverte en toute discrétion d’un oiseau au plumage bleuté : la palombe. En toile de fond, une forêt parée de douces teintes automnales et en bande son l’apaisant murmure de la nature.

L’endroit est confidentiel, aux confins du Gers et des Landes, mais grâce aux indications de notre contact nous trouvons au détour d’un chemin un petit havre de paix. C’est ici que depuis plus de 20 ans, les habitués de ces lieux se retirent un mois pour une « cure » gourmande et festive.

Depuis notre promontoire, un abri astucieusement conçu et chaleureux (nous sommes confortablement installées sur des sièges de fourgonnettes) se déploie devant nous un paysage animé par les vols de migration. Aux premières baisses de températures, les palombes s’envolent vers des contrées plus chaudes, direction le sud. Les palombières s’animent alors de la mi-octobre à la mi-novembre.

Nos guides du jour sont chasseurs mais surtout des amoureux de la nature et savent nous communiquer leur passion. Les néophytes que nous sommes, se prennent rapidement au jeu à scruter au loin et à s’émerveiller à l’approche des vols.

Elles sont ici chassées selon la technique de l’appeaux ou appelants. Juchées à la cime des arbres et telles des funambules, des palombes et pigeons apprivoisés servent de précieux auxiliaires pour attirer leurs congénères sauvages. Tout en nous dévoilant les secrets de cette tradition et de cet art si spécifique, nos hôtes veillent, prêt à atteindre d’un coup de fusil aguerri l’oiseau qui se serait laissé berner.

Arrive l’heure du déjeuner, de succulentes odeurs montent nous chatouiller les narines. Nous descendons le petit escalier de bois pour rejoindre la salle. Ici on ne fait pas dans le rustique, sol pavé, cuisine aménagée, le tout réchauffé par un impressionnant foyer. La chasse à la palombe c’est aussi un mois de partage et la “cabane”, le lieu pour recevoir la famille et les amis. Privilégiées de la journée, nous faisons honneur au festin rassemblant produits et vins locaux servi sur une grande table propice aux repas de fête.

Dans l’après-midi, nous retrouvons notre poste d’observation. Hors du temps mais tellement apaisant au cœur de cette Nature qui s’offre à nous. Entre 2 discussions, notre hôte examine l’horizon. Si besoin pour appâter les palombes, il actionne les ficelles d’un savant mécanisme arachnéen et composé de fils reliés aux appelants.

La journée s’achève doucement avec le coucher du soleil. Tableau de chasse de ce 5 novembre 2019 : 9 palombes.  Nous empruntons un dédale de couloirs camouflés par des branchages. Il est temps de descendre les appeaux via des ascenseurs métalliques car eux aussi ont droit à leur pitance ! L’opération achevée, ils sont mis à l’abri pour la nuit. Il est temps de rentrer.

Mais dès demain, très tôt, la fièvre bleue repartira de plus belle...